Ces petits vers blancs d'une vingtaine de millimètres font partie du même groupe que les lombrics, celui des Oligochètes. En milieu naturel, ils prolifèrent dans les matières végétales en décomposition. Ce sont eux que l'on aperçoit lorsque l'on soulève un paquet de feuilles mortes ou que l'on bascule du pied une souche d'arbre désagrégée. S'il existe de nombreuses espèces, certaines comme ENCHYTRAEUS ALBIDUS sont utilisées pour la prolifération, leur grande tolérance vis-à-vis de conditions de maintenance difficiles et leurs qualités nutritives. A cette égard, la distribution d'Enchytrées ne doit pas être systématique,
car en cas d'abus leur teneur élevé en lipides provoquerait rapidement un embonpoint chez les poissons, avec tous les problèmes de santé qui pourraient en découler. Parmi toutes les proies vivantes, l'élevage des enchytrées est certainement celui qui donne le meilleur taux de réussite. Les matériaux de base ainsi que le substrat sont des plus primitifs.
L'utilisation d'un pot de terre ( pouvant être remplacé par une caisse en polystyrène ),
d'une plaque de verre de 5 mm d'épaisseur et d'une terre sablonneuse mélangée à du terreau garantissent une bonne prospérité de la culture.
Le pot de terre cuite non vernie d'une vingtaine de centimètres de diamètre est rempli aux 4/5
ème du mélange terreux maintenu humide, le trou servant à l'écoulement de l'eau ayant été préalablement obturé par un quelconque objet.
Plusieurs morceaux de pain trempés dans du lait chaud sont déposés sur le substrat puis recouvert d'une couche d'1 cm de terreau. Une boulette d'Enchytraeus albidus est ensuite introduite. Elle servira d'amorce à la colonie et, pour assurer une production élevée,
aucun prélèvement ne devra être effectué durant le premier mois de mise en culture. L'introduction de lombrics permet de maintenir le terreau aéré.
La plaque de verre est posée sur le pot pour servir de couvercle tout en laissant la possibilité d'observer le comportement de la souche qui est ainsi protégé des invasions massives de parasites comme les drosophiles ou les acariens. L'élevage est maintenu de préférence dans un endroit sombre et frais , entre 12 et 15°C.
La surveillance hebdomadaire du développement des enchytrées permet de retirer le pain moisi non consommé pour le remplacer par du frais. Cette opération limite les dégagements d'odeurs nauséabondes et prévient des risques de pourrissement.
Quelques difficultés peuvent toutefois surgir. Les moisissures profitant d'une température inappropriée ou d'un excès de nourriture peuvent devenir un facteur limitatif. Si des micro-insectes comme les collemboles ou des petits acariens cohabitent facilement avec les enchytrées, d'autres insectes comme les moucherons peuvent concurrencer les cultures, notamment en pondant directement sur la nourriture destinée aux enchytrées. La surface du substrat doit être dans ce cas être passée à la flamme afin d'éliminer les parasites, les vers s'enfouissant alors rapidement dans les profondeurs.
Le prélèvement des enchytrées est aisé. En effet, comme la population se regroupe en totalité sur la nourriture mise à sa disposition et sur la vitre servant de couvercle, il est très facile de récupérer quelques amas de vers. L'élimination du substrat dont ils sont couverts s'effectue dans une soucoupe contenant un peu d'eau. Les enchytrées se regroupent alors rapidement pour former des boulettes compactes débarrassées de la terre. Ils sont alors distribués aux poissons sans risque de polluer l'eau.